jeudi, mars 10, 2011

Le Discours d'un Roi


Ces dernières semaines, la diplomatie française s’est effondrée, victime collatérale de la révolte arabe. Elle a coulé avec les dictatures arabes dans lesquelles elle baignait joyeusement. Et la dernière fumisterie diplomatique du gugusse de l’Elysée fut de taille : la nomination de Boris Boillon comme ambassadeur en Tunisie a viré au drame. Boris Boillon, un chippendale de la diplomatie sarkoziste, supposé incarner la nouvelle image de la France a foiré son numéro de charme dans la capitale du jasmin. Ce bébé Sarko agité, "le babouin de Bagdad", comme le surnommaient affectueusement les diplomates américains en Irak est totalement parti en couilles dès son arrivée à Tunis, donnant un spectacle affligeant, à l’image d’une diplomatie française qui fait rire. Incompétent, nombriliste, agressif et puéril, Boris Boillon n’est pas sans rappeler le style obscène de son maître. A Tunis, ce pompeux ambassadeur de la Sarkozie est maintenu dans un coma diplomatique en attendant son rapatriement à Paris. La révolte qui secoue le monde arabe en général et la révolution tunisienne en particulier ont mis à nu les pratiques des politiciens français, leurs obscures relations avec les dictateurs, l’attitude vulgaire de la diplomatie sarkoziste, ses plantages, et son manque total de vision stratégique. Sarkozy n’a jamais rien compris à la politique internationale et collectionne les bides. Avec MAM, la diplomatie française avait touché le pompon : jamais le Quai d’Orsay n’avait connu pareille banqueroute. République des droits de l’homme, une bonne blague avec des ministres qui se prostituaient chez Ben Ali et Moubarak. Les dégâts provoqués par Sarko et son clan à l’image de la France sont énormes. La diplomatie française est rabaissée, ridicule, daubée par les européens et maintenant totalement ignorée par les américains. Sarkozy est humilié. Mais l’ultime affront viendra de diplomates français anonymes qui ont publié une tribune dans le Monde, une véritable gifle pour l’Elysée et la supposée clairvoyance du roitelet. Les diplomates ont dressé un bilan catastrophique de l’amateurisme de Sarkozy et de ses flops diplomatiques. Après ce désastre, Sarkozy s’est contenté d’un service minimum à la télé pour dire qu’il a changé, que maintenant la diplomatie va fonctionner, et que c’est tant mieux s’il y a des démocraties arabes. Sarkozy cachait à peine sa joie, bafouillait des justifications sur ses anciennes politiques. Mal à l’aise, Sarkozy s’est tout simplement auto-humilié. Lui qui voulait gouverner le monde avec son G20, il se serait passé d’un tel fiasco. Mais maintenant que l’hyper-président a nommé un hyper-vice-président-premier-ministre-des-affaires-étrangères, tout va rentrer dans l’ordre. Le week-end dernier, Juppé était en Egypte pour tenter de faire exister la France. Dans la foulée, il a parlé de "folie criminelle" du guide libyen. Le même Juppé qui déclarait au début de la révolte libyenne que la France n'était pas responsable de l'usage criminel de l’armement vendu à Khadafi. Heureusement que le ridicule lui, ne tue pas. Juppé s’est aussi pointé pour revendre l’idée d’une Union pour la méditerranée 2.0, new-look, cette fois sans dictateurs, promis. Mais maintenant, l’urgence est de se débarrasser de Khadafi, cet ami devenu encombrant : il y a une semaine, l’Elysée purgeait son site web des photos du roi avec le roi des rois d’Afrique. Maintenant Sarkozy tente de se racheter et d’exister en recevant des représentants du conseil national de transition libyen et de le reconnaitre comme unique représentant de la Libye. Sarkozy a voulu donner l’illusion de prendre l’initiative, irrité d’être ignoré par les américains et les anglais.  Mais Khadafi est joueur, il promet de balancer un lourd secret sur Sarko, qui, pris de panique, appelle à des frappes ciblées contre le guide libyen. Tout doit disparaitre. Khadafi qui veut entrainer Sarkozy dans sa chute, avouons que cette fin serait plus que délicieuse. Pendant ce temps-là, sur le plan national, ce n’est guère plus glorieux, Sarkozy joue la diversion pré-électorale pour faire oublier la déroute diplomatique et le bruit de casseroles. Tout y passe : menaces migratoires, islamisme, terrorisme, identité catholique, patrimoine chrétien. Sarkozy joue à quitte ou double. Mais grâce à lui, l’image que renvoie la France est de plus en plus sombre et triste, avec quelques députés de la majorité présidentielle complètement décomplexés par rapport au discours de la poissonnière du Front National comme Chantal Brunel et Christian Vanneste, émerveillé par le discours de l’héritière Le Pen national, qu’il ne trouve en rien fasciste. Sarkozy a ouvert la boite de Pandore. Sarkozy est effrayant.