lundi, août 08, 2011

Lecture d'été

Je vous propose une petite lecture d'été, un texte que je trouve sublime, lu il y a quelques temps sur l'ancien blog d'une amie, Michèle M. Gharios, poète et écrivain libanaise. Un texte qui m'avait marqué, on y retrouve la magie qui accompagne les vacances, la torpeur estivale, la maison d'été. Je vous propose ce texte avec la photo (crédit RP Joseph Delore) que Michèle avait choisi sur son ancien blog. Merci Michèle pour ce texte, depuis le temps que je t'embête pour le retrouver :


Embellie (titre original)

Il commence à faire chaud, très chaud. Comme tous les ans, lorsque le climat annonce les beaux jours, il faut penser à organiser l’été, sortir les tenues légères, laver et ranger couvertures et édredons, housser canapés et rideaux, rouler tapis et moquette… tout un rituel qui accompagne la venue du mois de mai. La maison de la montagne m’appelle. Il faut penser au ménage, si je n’ai pas envie d’être prise au dépourvu, comme chaque année. Lorsque Ziad est arrivé l’année passé avec cette espèce d’appareil qui gronde et qui distribue de l’air frais, j’étais à deux doigts de crier au scandale, mais je sais comment il est, je n’ai pas voulu le fâcher. Lui qui arrive de « là-bas » avec son argent, et qui essaie de m’offrir le confort. Au fond de moi, je pensais « au diable l’air conditionné ! », et lorsqu’il est reparti, j’ai tenu la télécommande du bout des doigts, et je l’ai rangé au grenier : il ne faut surtout pas que je sois tentée, un jour. Ma maison à la montagne, j’y pense toute l’année. Je tourne entre ces quatre murs comme un lion en cage. La ville, je ne m’y habitue pas. Lorsque je regarde par la fenêtre, le paysage bétonné me saute à la figure. La poussière que j’essuie est noire. Les bruits sont ceux des voitures. Et parfois, d’autres bruits agressifs. Chez le légumier, c’est dans un sac qu’il faut placer les fruits et légumes de mon choix, pour ensuite les peser. Le boucher, lui, me vend au gramme près la chair d’un animal abattu depuis au moins trois jours. Les voisins ? Il ne faut surtout pas les déranger. Pas question de débarquer chez eux sans prévenir. Pas question non plus de montrer une quelconque familiarité, ils s’affolent. Dommage que je sois forcée de rester en ville, depuis que Nazira travaille à l’école. J’attends avec impatience les vacances d’été pour que nous puissions regagner nos racines. Sans elles, j’étouffe, je meurs. 

Vous pouvez aller plus loin dans le plaisir de la lecture avec Michèle M. Gharios : 
- Apartheid (Dar an-Nahar) 
- Le Chant Des Dunes (Nouvelle - Prix d'excellence - Forum Femmes Méditerranée) 
- Ombre (Maelström) 
- L'Odeur de Yasmine (Dar an-Nahar) 
- Vivier (Maelsrtöm) 
- Collier d'air (Dar an-Nahar)