vendredi, septembre 30, 2011

Grand Theft Sarko

Rien ne va plus dans la gangsta republic. Sarko navigue à vue, et le sarkoclan balise. Entre affaires, barbouzeries et crise financière, Sarkozy est entrain de sombrer. Il faut dire que tout avait mal commencé cet été avec ce zouave qui lui avait agrippé sa veste. Ça porte malheur, l’image fut grotesque, et la sortie de Sarkozy gâchée, tout comme ce calamiteux été présidentiel. D’abord, sans conviction, Sarko fut obligé d’expédier en urgence Christine Lagarde au FMI, une ministre stérile au bilan insignifiant, sans parler des casseroles qu’elle traîne à Washington. Sarko réussit à exporter la République irréprochable avec une directrice du FMI sous le coup d’une procédure pour complicité de détournement de fonds public. Bonjour la crédibilité pour gérer la crise. D’ailleurs sur le plan de la crise financière, Sarko reste brouillon, il se croit visionnaire, mais il est tout simplement dépassé. Au plus fort de la crise, l’empereur élyséen reste planqué au Cap Nègre, il ne se pointe que lorsque les indices passent légèrement au vert après une semaine noire. Le lendemain de son discours, c’est la descente aux Enfers pour les places financières. Mais si les marchés plongent, les sous-marins du Karachigate refont surface pour la campagne présidentielle. Le décor est planté et le casting est exceptionnel : dans le premier rôle, Ziad Takieddine, l’intermédiaire préféré de Sarko pour les contrats d’armement et autres filouteries d’Etat. Autour de Takieddine, Guéant, Hortefeux, Gaubert, et Bazire s’organisent en véritable syndicat du crime. On n’est plus à l’Elysée mais chez Les Sopranos. Et comme chez les Sopranos, les membres du clan sont bien traités : Takieddine, dont le patrimoine en France est estimé à 40 millions d'euros, ne paye ni impôts, ni ISF. Personne ne trouve trace du contrôle fiscal visant Takieddine, par contre, on retrouve Copé pataugeant dans sa piscine à Antibes. En Mars dernier, Ziad Takieddine a été interpelé à son atterrissage au Bourget, il rentrait de Libye. Takieddine avait sur lui un peu de monnaie, 1,5 million d'euros en liquide. Aujourd’hui, il est mis en examen, mais menace ouvertement Guéant. Takieddine n’a même pas peur de celui qu’il appelle "le Patron", Nicolas Sarkozy. L'affaire Takieddine, ses millions, ses rétro-commissions, ses financements occultes et ses scandales pourrait bien être le scandale qui anéantira la Sarkozie. 2012 ne serait déjà qu’une illusion pour Sarko. Karachigate, « qui pouvait croire à une fable pareille ? » disait Sarko. Il est aujourd’hui évident que le Sarkoclan était au courant de l’instruction en cours sur le Karachigate. Dans la panique, il était urgent de procéder à un tir de barrage en téléguidant Bourgi. La manœuvre à échoué, Bourgi n’a fait que remuer la merde. Le moment le plus comique fut celui de Bourgi qui se pose en témoin de moralité de Sarkozy. La séquence est hilarante. Les mallettes qui s’arrêtent pile avec la présidence de Sarko, c’est aussi gros que l’histoire du nuage de Tchernobyl. Difficile de croire que Bourgi, larbin de la Sarkozie, n’ait pas fait profiter son maître des mallettes bien garnies de la Françafrique. Avec les affaires qui empoisonne le quotidien présidentiel, la Sarkozie renoue avec la barbouzerie : menaces de morts à l’encontre de journalistes et de témoins, espionnage de journalistes, le réflexe de survie du clan Sarkozy le rend encore plus dangereux. Claude Guéant avouait, le plus simplement du monde avoir fliqué un journaliste du Monde. Simples "repérages techniques" pour Guéant. Ca ne se passe pas à Cuba mais en France. Depuis la garde à vue de Thierry Gaubert et son lot de révélations, l’étau se resserre de plus en plus sur le Sarkoclan. La réaction de l’Elysée, qui parle de « calomnie et de manipulation politicienne », montre une incroyable angoisse. Les mots de Nastasia Gaubert doivent résonner dans le château : "Si Sarko il passe pas en 2012, ils sont tous dans la merde". L’air de la Sarkozie devient nauséabond et la pompe à merde tourne encore une fois à plein régime. La république irréprochable devient un vrai gag. Comme un poisson qui manque d’air dans son bocal, Sarko sortait sa tête sur la scène internationale pour piper un peu d’oxygène. Ainsi, il était parti jouer le héro de guerre en Libye et jouer au Général de Gaulle. Sarkozy est un amuseur public. A New York, il voulait être le négociateur incontournable face au chantage palestinien : à la tribune de l’ONU, il propose un statut d’Etat observateur aux palestiniens. C’est le flop total, ça n’a pas fonctionné comme il le voulait. Sarko rentrait à Paris retrouver un clan présidentiel en pleine crise panique. Le Sarkoclan n’arrive plus à contenir la situation, ultime recours, servir la théorie du complot. Xavier Bertrand, sonné, à bout d’arguments, n’hésite pas à parler de chasse à l’homme visant Sarkozy. Ca va mal finir. L’été 2011, ce fut aussi un défilé du 14 juillet pourri. Habituellement destiné à distraire sa joyeuseté et la fine fleur de ses amis dictateurs, ce divertimento guerrier fut gâché par le printemps arabe. Exit les princes arabes et les potentats africains de la tribune présidentielle. Mais Sarko n’a pas changé pour autant, quelques jours après sa sortie libyenne pour fêter la victoire de la démocratie, Sarkozy recevait à quelques jours d’intervalle deux cruels personnages avec les honneurs : le premier, Paul Kagamé, génocidaire et potentat rwandais, le second n’est autre que le Noursoltan Nazarbayev, dictateur kazakhe. Hier, il était à Tanger pour inaugurer le chantier du TGV Maroc, débordant d’amitié avec un Roi qui n’a rien à envier à un Ben Ali de triste mémoire. Sarko, lyrique quelques jours auparavant sur les nouvelles démocraties arabes, n’aura décidément retenu aucune leçon, et ne changera jamais. Dans quelques jours, Carla va mettre bas, et le pire, c’est que vu le bordel ambiant, tout le monde s’en fout.