Il est utile de revenir sur la libération de l’agent 000 Reiss, pour se rendre compte que la barbouzerie française n’est plus ce qu’elle était. Au-delà de l’humiliation subie par la France et le bras d’honneur donné par Ahmadinedjad au monarque, il est intéressant de voir le comportement de la Sarkozie dans cette affaire, un comportement à la chinoise : communiquer un minimum et nier l’évidence. Plus c’est gros, plus ça passe, quitte à infantiliser Clotilde Reiss. L’Elysée pense faire gober le fait qu’il n’y a eu aucun échange, que ces libérations qui interviennent au même moment ne sont qu’un « heureux hasard » comme se plait à le répéter Kouchner, le majordome de l’Elysée. La France prouve qu’elle a désormais la diplomatie et la justice d’une république bananière. Quel crédit pour la diplomatie française maintenant? Quelle image donne le renseignement français ? L’affaire Clotilde Reiss est symptomatique de la paupérisation du renseignement français sous les ordres directs de l’Elysée et l’influence du Quai d’Orsay. Comment expliquer qu’une neuneutte en mal d’exotisme se retrouve à faire du renseignement pour le compte de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales)? Il est tout simplement hallucinant de voir la fille à papa Reiss qui travaille à la direction des applications militaires au Commissariat à l'Energie Atomique et dont la mère travaille pour l'armée française, lâchée en pleine nature à Ispahan, ville à proximité de la centrale nucléaire de Natanz. Les iraniens ont laissé les français avancer leurs pions pour ensuite faire coup double et obtenir deux libérations. Et deux ignorants comme Sarko et Kouchner ne pouvaient logiquement pas rivaliser avec ceux qui ont inventé le jeu d’échec moderne. Kouchner affirmait tellement l’innocence de Clotilde que cela devenait suspect. Et quand Kouchner affirme quelque chose, vous pouvez être certains que la vérité est toute autre. L’Iran a obtenu la libération de deux terroristes contre celle de la vierge effarouchée : Majid Kakavand, ingénieur iranien impliqué dans un trafic de matériel militaire dont les Etats-Unis réclamaient l’extradition et Ali Vakili Rad, condamné à perpétuité pour l’assassinat sauvage de Chapour Bakhtiar en 1991. Le monarque est humilié, ridiculisé après son rétropédalage sur l’échange de prisonniers. En même temps, une humiliation ou un mensonge de plus ou de moins, ce n’est pas ça qui va secouer la monarchie. Pendant une dizaine de mois, l’affaire Reiss aura provoqué des spasmes politico-médiatiques chez le monarque : des menaces et un langage guerrier pour rien, des gesticulations en l’air. Les iraniens n’ont pas été impressionnés et le château finissait par payer pour libérer sa pintade à roulettes : 450000 euros entre la caution et l’amende. Et comme Sarko aime chouchouter ses otages libérés, la petite Clotilde faisait le trajet Dubaï-Paris à bord d’un Falcon de la république, pour 6000 euros l’heure de vol. L’addition est salée, mais le contribuable français est très généreux dès qu’il s’agit d’offrir un moment de bonheur à son roi. Le roi qui, pour se changer les idées, partait cette semaine en braconnage politique à Nice pour le festival des démocrates de la Françafrique, le sommet où démocratie est un gros mot, la grand-messe des plus grands humanistes du continent noir. Grâce à Sarko, les potentats africains sont définitivement décomplexés. De la junte nigérienne à Ali Bongo, en passant par Biya, Sasso Nguesso, Wade, Kagamé, Bozizé et Kabila, la république française et le président soleil rendaient les honneurs à la fine fleur des criminels et dictateurs africains. En rencontrant le Roi Fahd de la monarchie féodale saoudienne, Sarko disait qu’il venait prendre de la sagesse. En rencontrant les dictateurs africains, le président soleil pourra prendre goût à la présidence à vie.
vendredi, juin 04, 2010
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