jeudi, décembre 22, 2011

Stress Test (Origine France Garantie)

Rien ne va plus en Sarkozie. Depuis les primaires socialistes et la branlée des sénatoriales, Sarko est KO debout. Un tsunami médiatique de gauche à littéralement soufflé le château. Les porte-flingues de la Sarkozie sont découragés  et n’ont plus d’arguments pour défendre leur chef, chaque réaction soit disant politique  n’est plus qu’un flot de  vulgarités. La petite meute sarkozienne commence même à se déchirer sur fond d’ambitions personnelles. Les soutiens sont moins affirmés, le doute s’installe et les seconds couteaux commencent déjà à préparer l’après-Sarko. Même Fillon, la tête ailleurs, livre déjà bataille à Dati. C’est chacun pour soi, le Sarkoclan joue sa propre survie. Et à l’UMP, à part la légendaire autosatisfaction de façade, l’ambiance est plus que merdique. Sarko sonné, ringardisé, comptait sur son G20 pour se sentir président et surtout le montrer. Sauf qu’une fantastique beigne de l’ancien premier ministre grec venait secouer le faiseur de miracles élyséen et bousiller la dernière grand-messe cannoise de ce dernier.  Et Sarko n’était pas au bout de la Bérézina de ce G20 qui se transforma en un véritable gag : les moments "volés" de son off avec Obama où il disait tout le bien qu’il pensait de Benjamin Netanyahou furent collector. Le dernier G20 du quinquennat de Sarko est digne d’un bêtiser de fin d’année. Mais le cauchemar ne s’arrêta pas là puisque quelques jours après, Standard & Poor’s lui faisait la blague du triple A perdu.  Pour se requinquer, Sarko tenait à Toulon un meeting pré-électoral payé par l’argent public, une mise en scène digne de Ben Ali, une fausse ambiance démocratique, des applaudissements télécommandés, et une assistance conquise. Sarko pouvait allègrement raconter le contraire de ce qu’il avait dit à Toulon en 2008 et continuer à mythoner un bilan. A Toulon, Sarko avait réinventé Sarko. Il faut dire que les convictions de Sarko sont  à géométrie variable, et le mensonge d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui, preuve en-est le triple A. Il paraît que le perdre n’est pas si grave que ça finalement. Il faut dire que Sarko a un plus gros problème : le Karachigate, la bombe à retardement que l’Elysée tente de désamorcer en cette période électorale. Pas facile. Donnedieu de Vabres va tomber, et tout porte à croire que s’il coule, il ne coulera pas seul. L’étau se resserre autour de Sarkozy et sa campagne s’annonce mal : Brice Hortefeux est mis en quarantaine et la position de Copé est intenable, il sera le prochain fusible. Takieddine aurait réglé la facture des travaux d’un appart de Copé en 2004 pour un montant de 1,1 M€. Copé dit que c’est "bidon". Il dit aussi que c’est "n’importe quoi" concernant le compte suisse de sa sœur par lequel auraient transité de jolies sommes. Il est utile de rappeler que Sarko disait que  le Karachigate était une affabulation. Le fantôme du Noël passé aura du boulot avec le clan présidentiel.

vendredi, septembre 30, 2011

Grand Theft Sarko

Rien ne va plus dans la gangsta republic. Sarko navigue à vue, et le sarkoclan balise. Entre affaires, barbouzeries et crise financière, Sarkozy est entrain de sombrer. Il faut dire que tout avait mal commencé cet été avec ce zouave qui lui avait agrippé sa veste. Ça porte malheur, l’image fut grotesque, et la sortie de Sarkozy gâchée, tout comme ce calamiteux été présidentiel. D’abord, sans conviction, Sarko fut obligé d’expédier en urgence Christine Lagarde au FMI, une ministre stérile au bilan insignifiant, sans parler des casseroles qu’elle traîne à Washington. Sarko réussit à exporter la République irréprochable avec une directrice du FMI sous le coup d’une procédure pour complicité de détournement de fonds public. Bonjour la crédibilité pour gérer la crise. D’ailleurs sur le plan de la crise financière, Sarko reste brouillon, il se croit visionnaire, mais il est tout simplement dépassé. Au plus fort de la crise, l’empereur élyséen reste planqué au Cap Nègre, il ne se pointe que lorsque les indices passent légèrement au vert après une semaine noire. Le lendemain de son discours, c’est la descente aux Enfers pour les places financières. Mais si les marchés plongent, les sous-marins du Karachigate refont surface pour la campagne présidentielle. Le décor est planté et le casting est exceptionnel : dans le premier rôle, Ziad Takieddine, l’intermédiaire préféré de Sarko pour les contrats d’armement et autres filouteries d’Etat. Autour de Takieddine, Guéant, Hortefeux, Gaubert, et Bazire s’organisent en véritable syndicat du crime. On n’est plus à l’Elysée mais chez Les Sopranos. Et comme chez les Sopranos, les membres du clan sont bien traités : Takieddine, dont le patrimoine en France est estimé à 40 millions d'euros, ne paye ni impôts, ni ISF. Personne ne trouve trace du contrôle fiscal visant Takieddine, par contre, on retrouve Copé pataugeant dans sa piscine à Antibes. En Mars dernier, Ziad Takieddine a été interpelé à son atterrissage au Bourget, il rentrait de Libye. Takieddine avait sur lui un peu de monnaie, 1,5 million d'euros en liquide. Aujourd’hui, il est mis en examen, mais menace ouvertement Guéant. Takieddine n’a même pas peur de celui qu’il appelle "le Patron", Nicolas Sarkozy. L'affaire Takieddine, ses millions, ses rétro-commissions, ses financements occultes et ses scandales pourrait bien être le scandale qui anéantira la Sarkozie. 2012 ne serait déjà qu’une illusion pour Sarko. Karachigate, « qui pouvait croire à une fable pareille ? » disait Sarko. Il est aujourd’hui évident que le Sarkoclan était au courant de l’instruction en cours sur le Karachigate. Dans la panique, il était urgent de procéder à un tir de barrage en téléguidant Bourgi. La manœuvre à échoué, Bourgi n’a fait que remuer la merde. Le moment le plus comique fut celui de Bourgi qui se pose en témoin de moralité de Sarkozy. La séquence est hilarante. Les mallettes qui s’arrêtent pile avec la présidence de Sarko, c’est aussi gros que l’histoire du nuage de Tchernobyl. Difficile de croire que Bourgi, larbin de la Sarkozie, n’ait pas fait profiter son maître des mallettes bien garnies de la Françafrique. Avec les affaires qui empoisonne le quotidien présidentiel, la Sarkozie renoue avec la barbouzerie : menaces de morts à l’encontre de journalistes et de témoins, espionnage de journalistes, le réflexe de survie du clan Sarkozy le rend encore plus dangereux. Claude Guéant avouait, le plus simplement du monde avoir fliqué un journaliste du Monde. Simples "repérages techniques" pour Guéant. Ca ne se passe pas à Cuba mais en France. Depuis la garde à vue de Thierry Gaubert et son lot de révélations, l’étau se resserre de plus en plus sur le Sarkoclan. La réaction de l’Elysée, qui parle de « calomnie et de manipulation politicienne », montre une incroyable angoisse. Les mots de Nastasia Gaubert doivent résonner dans le château : "Si Sarko il passe pas en 2012, ils sont tous dans la merde". L’air de la Sarkozie devient nauséabond et la pompe à merde tourne encore une fois à plein régime. La république irréprochable devient un vrai gag. Comme un poisson qui manque d’air dans son bocal, Sarko sortait sa tête sur la scène internationale pour piper un peu d’oxygène. Ainsi, il était parti jouer le héro de guerre en Libye et jouer au Général de Gaulle. Sarkozy est un amuseur public. A New York, il voulait être le négociateur incontournable face au chantage palestinien : à la tribune de l’ONU, il propose un statut d’Etat observateur aux palestiniens. C’est le flop total, ça n’a pas fonctionné comme il le voulait. Sarko rentrait à Paris retrouver un clan présidentiel en pleine crise panique. Le Sarkoclan n’arrive plus à contenir la situation, ultime recours, servir la théorie du complot. Xavier Bertrand, sonné, à bout d’arguments, n’hésite pas à parler de chasse à l’homme visant Sarkozy. Ca va mal finir. L’été 2011, ce fut aussi un défilé du 14 juillet pourri. Habituellement destiné à distraire sa joyeuseté et la fine fleur de ses amis dictateurs, ce divertimento guerrier fut gâché par le printemps arabe. Exit les princes arabes et les potentats africains de la tribune présidentielle. Mais Sarko n’a pas changé pour autant, quelques jours après sa sortie libyenne pour fêter la victoire de la démocratie, Sarkozy recevait à quelques jours d’intervalle deux cruels personnages avec les honneurs : le premier, Paul Kagamé, génocidaire et potentat rwandais, le second n’est autre que le Noursoltan Nazarbayev, dictateur kazakhe. Hier, il était à Tanger pour inaugurer le chantier du TGV Maroc, débordant d’amitié avec un Roi qui n’a rien à envier à un Ben Ali de triste mémoire. Sarko, lyrique quelques jours auparavant sur les nouvelles démocraties arabes, n’aura décidément retenu aucune leçon, et ne changera jamais. Dans quelques jours, Carla va mettre bas, et le pire, c’est que vu le bordel ambiant, tout le monde s’en fout.

lundi, août 08, 2011

Lecture d'été

Je vous propose une petite lecture d'été, un texte que je trouve sublime, lu il y a quelques temps sur l'ancien blog d'une amie, Michèle M. Gharios, poète et écrivain libanaise. Un texte qui m'avait marqué, on y retrouve la magie qui accompagne les vacances, la torpeur estivale, la maison d'été. Je vous propose ce texte avec la photo (crédit RP Joseph Delore) que Michèle avait choisi sur son ancien blog. Merci Michèle pour ce texte, depuis le temps que je t'embête pour le retrouver :


Embellie (titre original)

Il commence à faire chaud, très chaud. Comme tous les ans, lorsque le climat annonce les beaux jours, il faut penser à organiser l’été, sortir les tenues légères, laver et ranger couvertures et édredons, housser canapés et rideaux, rouler tapis et moquette… tout un rituel qui accompagne la venue du mois de mai. La maison de la montagne m’appelle. Il faut penser au ménage, si je n’ai pas envie d’être prise au dépourvu, comme chaque année. Lorsque Ziad est arrivé l’année passé avec cette espèce d’appareil qui gronde et qui distribue de l’air frais, j’étais à deux doigts de crier au scandale, mais je sais comment il est, je n’ai pas voulu le fâcher. Lui qui arrive de « là-bas » avec son argent, et qui essaie de m’offrir le confort. Au fond de moi, je pensais « au diable l’air conditionné ! », et lorsqu’il est reparti, j’ai tenu la télécommande du bout des doigts, et je l’ai rangé au grenier : il ne faut surtout pas que je sois tentée, un jour. Ma maison à la montagne, j’y pense toute l’année. Je tourne entre ces quatre murs comme un lion en cage. La ville, je ne m’y habitue pas. Lorsque je regarde par la fenêtre, le paysage bétonné me saute à la figure. La poussière que j’essuie est noire. Les bruits sont ceux des voitures. Et parfois, d’autres bruits agressifs. Chez le légumier, c’est dans un sac qu’il faut placer les fruits et légumes de mon choix, pour ensuite les peser. Le boucher, lui, me vend au gramme près la chair d’un animal abattu depuis au moins trois jours. Les voisins ? Il ne faut surtout pas les déranger. Pas question de débarquer chez eux sans prévenir. Pas question non plus de montrer une quelconque familiarité, ils s’affolent. Dommage que je sois forcée de rester en ville, depuis que Nazira travaille à l’école. J’attends avec impatience les vacances d’été pour que nous puissions regagner nos racines. Sans elles, j’étouffe, je meurs. 

Vous pouvez aller plus loin dans le plaisir de la lecture avec Michèle M. Gharios : 
- Apartheid (Dar an-Nahar) 
- Le Chant Des Dunes (Nouvelle - Prix d'excellence - Forum Femmes Méditerranée) 
- Ombre (Maelström) 
- L'Odeur de Yasmine (Dar an-Nahar) 
- Vivier (Maelsrtöm) 
- Collier d'air (Dar an-Nahar) 

mercredi, juin 01, 2011

The Titanic Chronicles

Début Mai, l’inutile Fillon s’était livré à un exercice surréaliste : inventer un bilan pour Sarko. Il avait même excellé dans l’exercice : créer un Sarko fictif, une sorte de supersarko qui tient ses promesses, redresse la France et unit les français. La France va bien, il fallait juste l’imaginer. Sarko veut encore faire croire qu’il est président, et, comble du ridicule, un président apprécié. Sarko veut convaincre qu’il est indispensable pour la France, et pour le monde. Sur la scène internationale, Sarko veut faire croire qu’il est devenu un vrai leader, qu’il s’investit plus que jamais dans les combats des peuples pour la liberté. Avec son engagement contre Kadhafi, il tente de diluer dans du diplomatiquement correct ses amitiés toujours d’actualité avec des dictateurs de la Françafrique et des monarchies moyenâgeuses du golfe. Sans parler de la Syrie, l’une des pires dictatures au monde. Sarko ne lâche pas encore son ami Bashar Al Assad, toujours présent dans l’album photo de l’union pour la méditerranée sur le site de l’Elysée. Sarko pense que le sauvage Bashar Al Assad va mater la révolte, comme il l’avait pensé pour Ben Ali et Moubarak. Sarko refait les mêmes bêtises mais qu’importe, il fera une belle récupération politico diplomatique lors de la chute de Kadhafi. Sur le dossier Syrien, Sarko reste sur une incroyable nuance : il prend soin de ne pas accuser directement Bashar Al Assad mais pointe le régime syrien, comme si le rejeton Al Assad était lui-même victime de son clan d’assassins. Mais même si la France compte encore dans sa brochure diplomatique de belles références dictatoriales, les dictatures arabes et le club Françafrique et se méfient de Sarko après l’épisode ivoirien et libyen, constatant que pour lui, l’amitié finit toujours par se pratiquer par derrière et à sec. Tant pis si les despotes ont des états d’âmes, sur la scène internationale, Sarko veut montrer qu’il devenu un type bien. Six mois après la révolution tunisienne, Sarko découvre qu’internet est un moteur de l’histoire, il confirme indirectement qu’il s’était loupé et qu’il n’a rien vu venir. Mais lors de son eG8, Sarko était resté très vague sur le rôle d’internet comme élément majeur du combat des peuples pour la liberté. Sarko avait bien pris soin de ne pas énerver la dictature chinoise, devant laquelle il sait se montrer mesquin et politiquement malhonnête. Qu’importe, Sarko voulait juste faire sa révolution internet. Et pour fêter ça, le CSA interdisait aux médias de citer Facebook ou Twitter. Sur le plan intérieur, c’est le Cardinal Guéant qui se charge de la propagande : sombre personnage de la Sarkozie que Fillon n’ose même pas recadrer, Guéant à une mission bien précise : rabattre l’électorat de l’extrême droite vers l’UMP. La méthode est aussi simple qu’efficace : diaboliser l’immigration et les français issus de l’immigration à coup de petites phrases qui font froid dans le dos. Guéant est tout juste indigne de servir la république. Depuis le grotesque débat sur la laïcité, témoin de la faillite intellectuelle de Sarkozy et du naufrage de sa politique, Sarko brasse du vent, il n’arrive plus à buzzer, il n’intéresse plus personne, sa communication est devenue trop téléphonée. Sarko est devenu trop prévisible, il n’amuse plus, il fatigue tout le monde. Même le baby-buzz du couple royal avait un flop monumental, cannibalisé par l’affaire DSK. Ironie du sort, même neutralisé, DSK parasite beaucoup plus médiatiquement Sarko, qui se voyait déjà récupérer les dividendes morales de l’affaire. Avec l’obscénité de l’affaire Tron et celle de la partouze pédophile au Maroc qui se profile, Sarko n’est pas prêt à tirer les marrons du feu. Sans oublier Christine Lagarde, trois affaires au compteur, c’est déjà pas mal dans son CV pour le FMI. Et puis le Karachigate, et maintenant l’affaire Longuet et ses vacances passées en Tunisie aux frais de Ben Ali baba. Le médiocre Longuet joue même la carte de l’humour et propose d’envoyer un chèque au gouvernement tunisien pour le rembourser. Et dire que Sarko voulait sa république irréprochable. En attendant, sa majesté se pose en modèle. La Sarkozie c’est un peu le Titanic, le navire sombre, mais l’orchestre élyséen continue à jouer. 

jeudi, mars 10, 2011

Le Discours d'un Roi


Ces dernières semaines, la diplomatie française s’est effondrée, victime collatérale de la révolte arabe. Elle a coulé avec les dictatures arabes dans lesquelles elle baignait joyeusement. Et la dernière fumisterie diplomatique du gugusse de l’Elysée fut de taille : la nomination de Boris Boillon comme ambassadeur en Tunisie a viré au drame. Boris Boillon, un chippendale de la diplomatie sarkoziste, supposé incarner la nouvelle image de la France a foiré son numéro de charme dans la capitale du jasmin. Ce bébé Sarko agité, "le babouin de Bagdad", comme le surnommaient affectueusement les diplomates américains en Irak est totalement parti en couilles dès son arrivée à Tunis, donnant un spectacle affligeant, à l’image d’une diplomatie française qui fait rire. Incompétent, nombriliste, agressif et puéril, Boris Boillon n’est pas sans rappeler le style obscène de son maître. A Tunis, ce pompeux ambassadeur de la Sarkozie est maintenu dans un coma diplomatique en attendant son rapatriement à Paris. La révolte qui secoue le monde arabe en général et la révolution tunisienne en particulier ont mis à nu les pratiques des politiciens français, leurs obscures relations avec les dictateurs, l’attitude vulgaire de la diplomatie sarkoziste, ses plantages, et son manque total de vision stratégique. Sarkozy n’a jamais rien compris à la politique internationale et collectionne les bides. Avec MAM, la diplomatie française avait touché le pompon : jamais le Quai d’Orsay n’avait connu pareille banqueroute. République des droits de l’homme, une bonne blague avec des ministres qui se prostituaient chez Ben Ali et Moubarak. Les dégâts provoqués par Sarko et son clan à l’image de la France sont énormes. La diplomatie française est rabaissée, ridicule, daubée par les européens et maintenant totalement ignorée par les américains. Sarkozy est humilié. Mais l’ultime affront viendra de diplomates français anonymes qui ont publié une tribune dans le Monde, une véritable gifle pour l’Elysée et la supposée clairvoyance du roitelet. Les diplomates ont dressé un bilan catastrophique de l’amateurisme de Sarkozy et de ses flops diplomatiques. Après ce désastre, Sarkozy s’est contenté d’un service minimum à la télé pour dire qu’il a changé, que maintenant la diplomatie va fonctionner, et que c’est tant mieux s’il y a des démocraties arabes. Sarkozy cachait à peine sa joie, bafouillait des justifications sur ses anciennes politiques. Mal à l’aise, Sarkozy s’est tout simplement auto-humilié. Lui qui voulait gouverner le monde avec son G20, il se serait passé d’un tel fiasco. Mais maintenant que l’hyper-président a nommé un hyper-vice-président-premier-ministre-des-affaires-étrangères, tout va rentrer dans l’ordre. Le week-end dernier, Juppé était en Egypte pour tenter de faire exister la France. Dans la foulée, il a parlé de "folie criminelle" du guide libyen. Le même Juppé qui déclarait au début de la révolte libyenne que la France n'était pas responsable de l'usage criminel de l’armement vendu à Khadafi. Heureusement que le ridicule lui, ne tue pas. Juppé s’est aussi pointé pour revendre l’idée d’une Union pour la méditerranée 2.0, new-look, cette fois sans dictateurs, promis. Mais maintenant, l’urgence est de se débarrasser de Khadafi, cet ami devenu encombrant : il y a une semaine, l’Elysée purgeait son site web des photos du roi avec le roi des rois d’Afrique. Maintenant Sarkozy tente de se racheter et d’exister en recevant des représentants du conseil national de transition libyen et de le reconnaitre comme unique représentant de la Libye. Sarkozy a voulu donner l’illusion de prendre l’initiative, irrité d’être ignoré par les américains et les anglais.  Mais Khadafi est joueur, il promet de balancer un lourd secret sur Sarko, qui, pris de panique, appelle à des frappes ciblées contre le guide libyen. Tout doit disparaitre. Khadafi qui veut entrainer Sarkozy dans sa chute, avouons que cette fin serait plus que délicieuse. Pendant ce temps-là, sur le plan national, ce n’est guère plus glorieux, Sarkozy joue la diversion pré-électorale pour faire oublier la déroute diplomatique et le bruit de casseroles. Tout y passe : menaces migratoires, islamisme, terrorisme, identité catholique, patrimoine chrétien. Sarkozy joue à quitte ou double. Mais grâce à lui, l’image que renvoie la France est de plus en plus sombre et triste, avec quelques députés de la majorité présidentielle complètement décomplexés par rapport au discours de la poissonnière du Front National comme Chantal Brunel et Christian Vanneste, émerveillé par le discours de l’héritière Le Pen national, qu’il ne trouve en rien fasciste. Sarkozy a ouvert la boite de Pandore. Sarkozy est effrayant.

mardi, février 08, 2011

JET LAG (une comédie diplomatique française)

Le 6 Mais 2007, le soir de sa victoire aux présidentielles, Sarko faisait son show et déclarait dans une incroyable envolée lyrique : "je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu’ils peuvent compter sur elle.". Un beau serment. Mais tapis volant, parce que depuis, le roitelet de Paris s’était couché devant les tyrans africains et avait multiplié les courbettes devant les pires dictateurs de ce monde. Janvier 2011, le constat est édifiant, la diplomatie française touche le fond après la bavure diplomatique sur le dossier tunisien. Pendant quatre ans, l’administration Sarkozy n’a cessé d’être ridicule, pour carrément sombrer dans l’obscénité dans sa gestion de la révolution du Jasmin. Alors que la révolte tunisienne avait déjà 70 morts au compteur, la ministre française des affaires qui lui sont étrangères, proposait à la flicaille du sinistre Ben Ali de se faire encadrer par des policiers français spécialistes de l’évènementiel citoyen, ou de la "gestion des foules et des grands évènements" comme l’affiche pornographiquement le site de l’ambassade de France en Egypte, qui visiblement a déjà aidé les barbouzes de Moubarak. Quel savoir-faire ! MAM inventait le CRS humanitaire : "Nous proposons effectivement aux deux pays de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité (…) Nous avons des savoir-faire en la matière.". Sarko défend bêtement MAM en affirmant que "l'intention était bonne". Jamais la diplomatie française n’avait atteint un tel degré de guignolade. L’Etat français aura appuyé le brutal Ben Ali jusqu'au bout de son règne. Le lendemain de la fuite du potentat tunisien, l’Elysée, mis devant le fait accompli, cachait à peine sa joie avec un communiqué laconique qui prenait "acte" de la révolution tunisienne. Un vrai fiasco : entre attentisme, opportunisme et rétropédalages, Sarkozy avait tout simplement loupé la première révolution démocratique dans le monde arabe et enfonce encore plus la diplomatie française dans le déshonneur. Jamais la république française n’a été aussi méprisante, surtout qu’on apprenait que la veille de la fuite de Ben Ali, une cargaison de grenades lacrymogènes fut bloquée par la douane française à Orly qui demandait une confirmation de l’autorisation d’export. Démasqué, honteux, l’Elysée bloqua la cargaison qui avait pourtant reçu l’accord du ministère de l’intérieur et du Quai d’Orsay. Fillon dira quelques jours plus tard qu’il n’en savait rien, ce qui est difficile à croire. Cet amateurisme au sommet de l’Etat devient tout simplement comique. Mais c’est avec l’affaire du Jet du clan Ben Ali, dont MAM avait disposé avec son compagnon Patrick Ollier, secrétaire d'Etat aux relations avec le parlement, que cela devenait burlesque. Surtout que l’explication de MAM est aussi simple qu’idiote : "A mon arrivée à Tunis, un ami qui se rendait à Tabarka avec son avion nous a proposé de faire le vol avec lui plutôt que de faire les deux heures de voiture comme prévu. Il n'a pas mis son avion à ma disposition, nous l'avons accompagné dans son déplacement". L’auto-stop version MAM, qui visiblement partage avec Sarko le même amour des avions et des fréquentations douteuses. Encore plus que Kouchner, Calamity MAM est un désastre pour la diplomatie française, déjà humiliée et raillée. Aujourd’hui, c’est l’Egypte qui est en révolte, et encore une fois, la France officielle la boucle. Et cette fois, c’est Fillon qui se fait choper. Diplomatie française : un jet peut en cacher un autre. To be continued.

samedi, janvier 01, 2011

Employee of the Year

Il y a quelques semaines, Sarkozy inaugurait une ère de décadence absolue. Le Président Soleil recevait Hu Jintao comme l’accueillerait un régisseur de province chinoise. Un moment d'une admirable joie démocratique avait secoué la France, n’en déplaise à quelques esprits chagrins. En matière d’événementiel à la chinoise, le métier commence à rentrer à l’Elysée : Paris et Nice furent ainsi de splendides vitrines harmonieuses pour recevoir un grand promoteur des droits de l’homme, venu signer des contrats et donner à son nouveau larbin sa bénédiction pour la présidence du G20. Hu Jintao était surtout venu avilir dans son propre pays un président français qui avait très bien retenu la leçon chinoise : alors que tous les chefs d’Etats et de gouvernements occidentaux rendaient hommage à Liu Xiaobo pour son prix Nobel de la paix et appelaient à sa libération, Sarko la bouclait, aucun mot, aucune réaction. Silence radio également dans les rangs de l’UMP, seule formation politique occidentale jumelée avec le glorieux parti communiste chinois, une honte pour la patrie des droits de l’homme. Sarko s’écrase mais il le fait dans l’intérêt des droits de l’Homme : « Ce n'est pas en reprochant des choses aux gens qu'on fait avancer les dossiers ». Quelle clairvoyance. C’est là toute la finesse de la diplomatie française. Le dictateur chinois a débarqué dans un pays frère, où l’Elysée était à la limite de réquisitionner de braves citoyens français pour agiter des petits drapeaux chinois. Il faut dire que pour cette visite, Sarko avait le souci du détail, pas de fausses notes, quitte à bloquer Paris et Nice devenues des décors à la Truman Show, pour un tableau parfait digne d’une fresque communiste. Aucune conférence de presse pendant la visite du président chinois, donc aucun risque de troubler la sérénité du dictateur et de son hôte par des questions bêtes et désuètes sur les droits de l’Homme. La France peut être fière du vulgaire talent propagandiste de son président. Jamais un président français n’avait été aussi minable, jamais la république française n’avait été autant rabaissée. Un spectacle désolant. Pendant le diner élyséen en l’honneur du potentat chinois, Sarkozy poussait encore plus loin le bouchon de la basse flatterie, allant jusqu’à faire servir des millésimes dont les années avaient une signification particulière, personnelle ou politique pour Hu Jintao. La Baronne de Rothschild serait dégoutée devant un tel art de recevoir. Sarko a certainement évité la sangria pour célébrer l’année qui a valu à Hu Jintao le surnom du Boucher de Lhassa. Et comme pour justifier sa bassesse, Sarko s’excitait sur le montant des contrats tel un vulgaire commercial de photocopieuses. Mais tout le monde connait l’histoire des contrats à la con de Sarko : Libye, Brésil, Russie, le Kazakhstan et maintenant l’Inde, avec 17 milliards annoncés en accords de principe, des accords avec lesquels ces pays se torchent joyeusement. Qu’importe, les contrats promis par des régimes totalitaires valent bien un pipi sur les droits de l’Homme et les principes fondateurs de la république français. Grâce à Sarko, la France évolue, elle fait son petit bonhomme de chemin vers un état policier. Des membres de RSF et des militants des droits de l’Homme avaient été arrêtés pendant la visite de Hu Jintao. Dans la France de Sarkozy, il est désormais interdit de manifester son refus de la dictature. Il est même interdit de brandir le drapeau tibétain : une niçoise avait été arrêtée après avoir déployé un drapeau tibétain sur sa boutique. La France change avec Sarkozy. Flicage et cambriolages de journalistes, cambriolages de rédactions, la Sarkozie est en pleine dérive. Sarkozy est un président qui a peur, il préfère choisir les journalistes pour des interviews dignes de la Biélorussie. Et le ridicule ne tue plus. Sarko expliquait avec une malhonnêteté surréaliste que l’objectif de sa nouvelle politique, c’est de réformer les réformes. Et la chienlit s’installe au sommet de l’Etat en attendant 2012. Grâce à Sarko, la France fait rire le monde entier. A Séoul, Sarko était passé en coup de vent, le narcisse français avait snobé les réunions de travail et les dîners d’ouverture et de clôture du G20. Il était là juste pour être intronisé roi du monde et réchauffer à l’occasion son discours schizophrénique de moralisation des flux financiers, alors que la morale fout gravement le camp de la majorité présidentielle. La France n’a jamais été aussi mal placée pour donner des leçons au monde. Qu’importe, le G20 était une trop belle occasion pour aller rouler des mécaniques à bord de son tout nouveau Air Sarko One.  Drôle de présidence française du G20 alors que Sarkozy est de plus en plus marginalisé à l'étranger et que la diplomatie française est tout simplement inactive depuis le largage du général MAM au Quai d’Orsay. Et Sarko va multiplier les voyages, sa présidence du G20 étant un excellent alibi pour prendre son avion d’émir. Au programme les Etats-Unis, et une tournée chez quelques monarques africains. Et au pays des maharadjas où il était de passage en décembre dernier, Sarko continuait sur sa lancée, réchauffant sans vergogne le discours qu’il avait servi à l’homme africain, affirmant aux indiens qu’il trouve intolérable qu’un milliard de péquenots n’aient pas droit à un siège au conseil de sécurité. Tout ça pour vendre du nucléaire. En Inde, Sarko avait aussi honteusement récupéré la douleur des familles des victimes des attentats de Bombay alors qu’il baigne en plein Karachigate et qu’il refuse la vérité aux familles des victimes. Sarko qui avait emmené sa dinde en Inde cette fois, qui dès sa descente d’avion, n’arrêtait pas de faire la touriste de base en abusant du salut indien. Et comme derrière chaque grand homme il y a une femme, Sarko affirmait dans sa mémorable interview post changement de gouvernement que « Quand on a la chance d'être marié avec une femme qui a une grande intelligence, ce serait dommage de ne pas l’écouter ». Délicieux, Schéhérazade est à l’Elysée. Au moins tout le monde comprend pourquoi ça merde.