Il y a quelques semaines, Sarkozy inaugurait une ère de décadence absolue. Le Président Soleil recevait Hu Jintao comme l’accueillerait un régisseur de province chinoise. Un moment d'une admirable joie démocratique avait secoué la France, n’en déplaise à quelques esprits chagrins. En matière d’événementiel à la chinoise, le métier commence à rentrer à l’Elysée : Paris et Nice furent ainsi de splendides vitrines harmonieuses pour recevoir un grand promoteur des droits de l’homme, venu signer des contrats et donner à son nouveau larbin sa bénédiction pour la présidence du G20. Hu Jintao était surtout venu avilir dans son propre pays un président français qui avait très bien retenu la leçon chinoise : alors que tous les chefs d’Etats et de gouvernements occidentaux rendaient hommage à Liu Xiaobo pour son prix Nobel de la paix et appelaient à sa libération, Sarko la bouclait, aucun mot, aucune réaction. Silence radio également dans les rangs de l’UMP, seule formation politique occidentale jumelée avec le glorieux parti communiste chinois, une honte pour la patrie des droits de l’homme. Sarko s’écrase mais il le fait dans l’intérêt des droits de l’Homme : « Ce n'est pas en reprochant des choses aux gens qu'on fait avancer les dossiers ». Quelle clairvoyance. C’est là toute la finesse de la diplomatie française. Le dictateur chinois a débarqué dans un pays frère, où l’Elysée était à la limite de réquisitionner de braves citoyens français pour agiter des petits drapeaux chinois. Il faut dire que pour cette visite, Sarko avait le souci du détail, pas de fausses notes, quitte à bloquer Paris et Nice devenues des décors à la Truman Show, pour un tableau parfait digne d’une fresque communiste. Aucune conférence de presse pendant la visite du président chinois, donc aucun risque de troubler la sérénité du dictateur et de son hôte par des questions bêtes et désuètes sur les droits de l’Homme. La France peut être fière du vulgaire talent propagandiste de son président. Jamais un président français n’avait été aussi minable, jamais la république française n’avait été autant rabaissée. Un spectacle désolant. Pendant le diner élyséen en l’honneur du potentat chinois, Sarkozy poussait encore plus loin le bouchon de la basse flatterie, allant jusqu’à faire servir des millésimes dont les années avaient une signification particulière, personnelle ou politique pour Hu Jintao. La Baronne de Rothschild serait dégoutée devant un tel art de recevoir. Sarko a certainement évité la sangria pour célébrer l’année qui a valu à Hu Jintao le surnom du Boucher de Lhassa. Et comme pour justifier sa bassesse, Sarko s’excitait sur le montant des contrats tel un vulgaire commercial de photocopieuses. Mais tout le monde connait l’histoire des contrats à la con de Sarko : Libye, Brésil, Russie, le Kazakhstan et maintenant l’Inde, avec 17 milliards annoncés en accords de principe, des accords avec lesquels ces pays se torchent joyeusement. Qu’importe, les contrats promis par des régimes totalitaires valent bien un pipi sur les droits de l’Homme et les principes fondateurs de la république français. Grâce à Sarko, la France évolue, elle fait son petit bonhomme de chemin vers un état policier. Des membres de RSF et des militants des droits de l’Homme avaient été arrêtés pendant la visite de Hu Jintao. Dans la France de Sarkozy, il est désormais interdit de manifester son refus de la dictature. Il est même interdit de brandir le drapeau tibétain : une niçoise avait été arrêtée après avoir déployé un drapeau tibétain sur sa boutique. La France change avec Sarkozy. Flicage et cambriolages de journalistes, cambriolages de rédactions, la Sarkozie est en pleine dérive. Sarkozy est un président qui a peur, il préfère choisir les journalistes pour des interviews dignes de la Biélorussie. Et le ridicule ne tue plus. Sarko expliquait avec une malhonnêteté surréaliste que l’objectif de sa nouvelle politique, c’est de réformer les réformes. Et la chienlit s’installe au sommet de l’Etat en attendant 2012. Grâce à Sarko, la France fait rire le monde entier. A Séoul, Sarko était passé en coup de vent, le narcisse français avait snobé les réunions de travail et les dîners d’ouverture et de clôture du G20. Il était là juste pour être intronisé roi du monde et réchauffer à l’occasion son discours schizophrénique de moralisation des flux financiers, alors que la morale fout gravement le camp de la majorité présidentielle. La France n’a jamais été aussi mal placée pour donner des leçons au monde. Qu’importe, le G20 était une trop belle occasion pour aller rouler des mécaniques à bord de son tout nouveau Air Sarko One. Drôle de présidence française du G20 alors que Sarkozy est de plus en plus marginalisé à l'étranger et que la diplomatie française est tout simplement inactive depuis le largage du général MAM au Quai d’Orsay. Et Sarko va multiplier les voyages, sa présidence du G20 étant un excellent alibi pour prendre son avion d’émir. Au programme les Etats-Unis, et une tournée chez quelques monarques africains. Et au pays des maharadjas où il était de passage en décembre dernier, Sarko continuait sur sa lancée, réchauffant sans vergogne le discours qu’il avait servi à l’homme africain, affirmant aux indiens qu’il trouve intolérable qu’un milliard de péquenots n’aient pas droit à un siège au conseil de sécurité. Tout ça pour vendre du nucléaire. En Inde, Sarko avait aussi honteusement récupéré la douleur des familles des victimes des attentats de Bombay alors qu’il baigne en plein Karachigate et qu’il refuse la vérité aux familles des victimes. Sarko qui avait emmené sa dinde en Inde cette fois, qui dès sa descente d’avion, n’arrêtait pas de faire la touriste de base en abusant du salut indien. Et comme derrière chaque grand homme il y a une femme, Sarko affirmait dans sa mémorable interview post changement de gouvernement que « Quand on a la chance d'être marié avec une femme qui a une grande intelligence, ce serait dommage de ne pas l’écouter ». Délicieux, Schéhérazade est à l’Elysée. Au moins tout le monde comprend pourquoi ça merde.
samedi, janvier 01, 2011
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