C’est dans une ambiance de fin de règne que sa magnificence fêtait le 14 Juillet. Une fête au rabais suite à sa dégringolade dans les sondages, les petites affaires de son vizir Woerth et sa fabuleuse auto-interview digne d’une plaisanterie de dictature sud-américaine. Une fête au rabais mais qu’importe, ce que sa majesté voudrait que le peuple retienne de ce 14 Juillet, c’est l’abolition de la Garden Party, une mesure symbolique d’autant plus qu’il avait organisé la sienne lors de son voyage à New York pour l’assemblée générale des Nations-Unies : 4000 invités au Manhattan Center Studio, du bon pédigrée d’expat qui vote Sarko et qu’il fallait particulièrement soigner avec le nec-plus-ultra de la gastronomie française, concocté par 21 cuisiniers et porté par pas moins de 135 serveurs. Total de la facture : 400000 euros payés par le Château, pour le seul plaisir de son immensité et de sa cour transatlantique. Pour le peuple de France, l’histoire retiendra les 700000 euros économisés avec la suppression de la Garden Party, une fête qui garde néanmoins toute sa splendeur avec un défilé armé à 4 millions d’euros, enguirlandé cette année avec la fine fleur des démocrates africains. La république se donne en spectacle et le roi devient son propre bouffon. Déjà que la France est l’une des dernières nations avec la Chine et la Corée du Nord à célébrer la fête nationale avec un défilé militaire, mais le monarque transforme carrément l’exercice en une véritable mascarade monarchique. Ainsi, entouré d’une belle brochette de putschistes, sa grandeur assistait à l’incontournable sauterie militariste. Un carnaval de criminels insultant la république et ses valeurs. Mais les valeurs de la république, Sarko se torche avec, sa priorité était de sceller le renouveau de la Françafrique de papa qu’il avait initié à Nice il y a quelques semaines. Il fallait aussi montrer les beaux joujoux de l’industrie militaire française aux pires despotes, généraux et criminels africains qui ont pris l’habitude ces derniers temps d'acheter leur armement auprès des chinois, pas du tout regardants sur les droits de l’homme. Sa grandeur avait donc eu la noble idée d’inviter quatorze démocraties africaines et leurs miliciens pour célébrer le cinquantenaire de leur indépendance sur les Champs-Elysées. Le monarque en plein braconnage diplomatique. La France est un pays magnifique. Passons en revue les nouveaux amis de Sarko : Paul Biya, Blaise Compaore, François Bozizé, Denis Sassou N’Guesso, Idriss Deby, Ali Bongo, Boni Yayi et Faure Gnassingbé, pour ne citer que les plus illustres. Que de respectables démocrates et des passionnés des droits de l’homme. L’Elysée se permet même une pointe d’humour en déclarant qu’il n’y a "personne intéressant la justice" parmi les invités de sa splendeur, des invités qu’on ne retrouve pourtant pas dans le hit-parade des grands humanistes. Deux ans après avoir invité le syrien Bashar Al Assad, maître de l’une des dictatures des plus brutales au monde, Sarko fait plus fort. Derrière ce 14 Juillet burlesque, se cache le grotesque Claude Guéant, grand prêtre de la Françafrique, secondé par le pittoresque Thierry Saussez, un sorcier blanc qui louait ses services de conseiller en communication aux tyrans africains avant de devenir le gourou du service de communication du gouvernement sous l’ère Sarkozy. Avec ces deux imbéciles, la diplomatie française en Afrique c’est du grand folklore. Un folklore dont le chef d’orchestre pour ce mémorable 14 Juillet n’est autre que l’inénarrable Jacques Toubon, un habitué des palais africains et un observateur très conciliant des plaisanteries électorales de ses dictateurs. Et Sarko ne manquait pas de décomplexer totalement ses amis démocrates en déclarant : "Je sais bien tout ce que la notion de relations privilégiées, de relations spéciales charrie de soupçons et fantasmes ... mais le moment est venu de l'assumer ensemble, sans complexe et sans arrière-pensées". Bel esprit. Belle démocratie. Beau 14 Juillet. Mais le tableau aurait pu être encore plus splendide avec le patriarche de la monarchie féodale saoudienne, l’honorable invité qu’attendait son altesse sérénissime pour son glorieux 14 Juillet. Mais le grand monarque d’Arabie saoudite s’était finalement décommandé, outré par l’insulte faite à son intelligence par l’espiègle Hervé Morin qui s’était empressé de rapporter la superbe vision diplomatique du sultan des bédouins à quelques journalistes. Le roi confiait lors d’une entrevue en juin dernier avec Morin que deux pays ne méritent pas d’exister : l’Iran et Israël. Une délicieuse blague visiblement reprise en sketch par le ministre de la défense. Avec de tels amis, la France n’a nul besoin d’ennemis, et la république passe joyeusement du côté obscur de la Force avec une Françafrique désormais tradition républicaine s’affichant un 14 Juillet, en toute vulgarité.
vendredi, juillet 23, 2010
mardi, juillet 06, 2010
Otto-Man
Alors que tout le monde ne pense qu’aux vacances et à la mer, le premier ministre turc est décidé à lancer sa deuxième croisière s’amuse de la paix vers Gaza. Recep Tayyip Erdogan, auto-promu nouveau calife ottoman, veut sponsoriser une deuxième flottille de djihadistes de la paix vers Gaza. Après le grand succès qui a provoqué l’hystérie des médias et de la rue arabe chère à TF1, en mal de sensations fortes depuis que le hezbollah libanais n’ose plus péter une roquette de travers, c’est donc Erdogan, patron de l’AKP, le parti islamiste le plus fréquentable au monde qui décide d’animer l’été 2010 en poursuivant sa politique de provocation envers Israël avec un joyeux concept : le djihad humanitaire. C’est une sorte de croisade de la paix qui fédère aussi bien les barbus de tous poils que des bobos occidentaux qui jadis défendaient Saddam et n’avaient aucun complexe à serrer la main du "Raïs" de triste de mémoire. Les médias occidentaux sont tombés dans le panneau en relayant le martyr d’une croisière guerrière sponsorisée par IHH, une ONG "gouvernementale" turque proche du mouvement des frères musulmans égyptien. Le caractère pseudo humanitaire de cette expédition n’est qu’un cache sexe à une véritable opération de communication djihadiste organisée par un Erdogan totalement radicalisé après avoir vu ses chances d’intégrer l’union européenne partir en kebab. Ce qui est incroyable c’est que les médias se sont tellement passionnés pour cette sympathique flottille qu’ils ont oublié d’analyser la nouvelle donne turque et la volonté délibérée d’Erdogan de provoquer une nouvelle crise dans la région. Pour comprendre la logique d’Erdogan, il faut passer par celle de son parti, l’AKP, un parti islamiste fin de race resté exclu des grand-messes diplomatiques internationales alors qu’il se voyait se faire attribuer un sérieux rôle de négociateur dans la région. Cet "oubli" l’a un peu humilié dans les milieux fondamentalistes : entre eux, les barbus sont taquins. Le problème principal d’Erdogan, c’est que diplomatiquement, il n’a pas de réseaux, il est juste considéré comme un parvenu politique, un idiot qui n’est utile que par sa position géostratégique. Erdogan et ses potes du néo-islamisme turcs ont pigé qu’ils avaient la carte du monde arabo-musulman à jouer pour exercer une influence régionale internationale. Et pour ce faire, le discours d’Erdogan est d’une incroyable simplicité, mais d’une efficacité redoutable : la cause palestinienne et l’islam face au "diable" sioniste, un discours qui mobilise des foules arabes surexcitées en un temps record. Le Roi Hassan II du Maroc disait qu’Israël était l’aphrodisiaque des arabes, la Turquie lui donne raison encore une fois. Tout avait commencé le 29 Janvier 2009 lors du sommet de Davos, où Erdogan piquait publiquement sa crise face au Président israélien Shimon Peres sur fond d’intervention israélienne à Gaza. Erdogan tombait le masque et les hystériques du Hamas et du monde arabe découvraient émerveillés un nouveau porte-parole. La Turquie laïque d’Atatürk commençait ainsi à réintégrer son orbite naturelle et les occidentaux découvraient, médusés, le nouveau visage d’Erdogan. Et c’est panique à bord dans les chancelleries occidentales qui ne savent plus comment gérer une Turquie en pleine lune de miel avec les pires dictatures et mouvements terroristes de la région. Et Erdogan n’est pas à une vulgarité près puisqu’il demande à Israël de s’excuser pour terrorisme d’Etat. C’est incroyablement obscène de la part d’un pays qui rejette le génocide arménien, occupe une partie de Chypre et mène des opérations illégales en Irak pour massacrer des kurdes. Cette "révolution" anti-kémaliste de la Turquie, cette volte-face au monde occidental, Sarko l'avait prévue. Ca m’arrache les doigts de l’écrire mais le monarque avait très bien géré et étouffé le dossier turc pour son entrée dans l’union européenne malgré le lobbying pro-turc de beaucoup d’européens, et même des américains. Dès le départ, Sarko avait une bonne lecture de l’évolution politique turque qui allait inévitablement devenir anti-occidentale. Il faut dire qu’en matière de traitres, il s’y connait. Mais même ringardisée, la Turquie gardera toujours ses rêves d’Empire. Un peu comme Rachida Dati.
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